Vous n’êtes toujours pas convaincu des bienfaits d’une vie sans voiture ? Alors ce chapitre est fait pour vous. Je vais vous proposer situation après situation, des solutions à chaque circonstance a laquelle vous pourriez être confronté dans votre quotidien.

Théoriquement, c’est assez simple. Dans la plupart des cas, il s’agit de se mouvoir d’un point A à un point B. Généralement, vous revenez même au point A après être allé au point B. L’essentiel est de définir vos trajets les plus fréquents, et de trouver le mode de transport le plus adapté à la distance qui vous sépare de vos différents trajets.

L’intermodalité : un enjeu majeur

Mathieu est un mec génial. Très urbain, il vit dans le huitième arrondissement de Lyon avec sa femme. En plus de faire un très bon café à la roumaine (oui, sa femme est née là-bas), d’être un guitariste hors pair (non ce n’est pas la jalousie, mais malgré toute ma bonne volonté je ne saurais l’égaler), il est un psychologue d’exception. Oui, ceci à son importance, car la dernière fois que j’étais chez lui, en sortant son vélo de son garage, je me suis rendu compte que la marque de son vélo était « Foldingue ».

Quel est le comble pour un psy ? C’est d’avoir un vélo Foldingue.

Trêves de blagues douteuses ! Il est aussi un très bon exemple d’intermodalité : il mêle en effet vélo et train pour se rendre à son travail chaque jour de la semaine. Voici ce qui se cache derrière le mot intermodalité : utiliser et mélanger plusieurs moyens de transport pour un seul et même trajet. Et quelque part, on peut dire qu’on est tous un peu intermodaux. Ne serait-ce que lorsque vous sortez du tram, ou venez de garer votre voiture : vous faites toujours au moins quelques pas avec vos pieds.

La SNCF comme fer de lance

Alors que les transports en train devraient représenter un atout dans le concept d’intermodalité, la réalité est tout autre. Ces dernières années en France, les solutions pour passer du train au vélo ont été rendues plus complexes.

Premier constat : le prix du supplément « vélo » sur les trajets nationaux SNCF. C’est tout simplement une aberration et frein à l’interopérabilité selon moi.

En 2014, la SNCF a déployé une flotte entière de nouveaux trains : les Régiolis. Ces trains sont une totale régression concernant les espaces vélo, et sont en contradiction totale avec les principes de l’intermodalité. Auparavant, les anciennes rames permettaient de stocker un nombre conséquent de vélos avec un système de crochets suspendus.

Au lieu de ça, les Régiolis disposent d’un espace réduit et mal pensé où il est possible de poser son vélo, où l’ensemble des vélos est entassé et attaché par une seule et unique sangle. Il est donc beaucoup moins commode pour un usager de retirer son vélo du tas.

L’alternative en place est d’utiliser des box en gare qui sont le plus souvent gratuites dans les gares rurales, mais qui sont parfois payantes dans les grandes agglomérations.

Décortiquons chaque trajet

Travail et loisirs

Aller travailler est sans doute le trajet le plus significatif de tous, car il est généralement effectué quotidiennement. Tous les jours, 5 jours par semaine ! La distance domicile-travail moyenne est de 25,9 km en France. Pour la moitié des salariés, la distance est inférieure à 7,9 km.

J’ai une vision assez particulière du travail. Après des années passées en CDI dans un bureau, ce que je pensais être ma carrière selon moi, je travaille maintenant comme consultant de ma propre vie. Qu’est-ce qui me fait plaisir au quotidien ? Aujourd’hui, je suis assis à la terrasse d’un café, et j’écris ce livre. C’est mon travail aujourd’hui. Je ne sais pas encore ce que je ferai demain. Je peux profiter de chaque journée et de chaque instant que la vie me réserve.

J’appelle donc travail non seulement la définition que l’on peut trouver dans le dictionnaire : « Activité professionnelle régulière et rémunérée », mais aussi cette autre définition (qui est aussi dans le dictionnaire, mais que l’on a tendance à oublier) : « Activité de l’homme appliquée à la production, à la création, à l’entretien de quelque chose ». A savoir, ce qui vous fait vibrer. Cette catégorie englobe donc le travail au sens traditionnel du terme, mais aussi vos loisirs et autres activités, ou vos trajets à l’école si vous êtes étudiant.

Tout d’abord, analysez la situation actuelle : combien de temps cela vous prend d’aller de votre domicile à votre travail ? Est-ce que cette situation vous convient ? Si vous habitez en ville, il vous sera facile de passer de la voiture au vélo ou aux transports en commun, et si votre trajet en vélo n’excède pas les 25 minutes, c’est gagné ! Vous pouvez aussi vérifier si un site de covoiturage ne propose pas un automobiliste qui effectue les mêmes trajets que vous.

Si vous avez l’habitude de faire de grands trajets en voiture et que vous êtes en campagne, il va falloir réfléchir et changer vos habitudes. Si votre ville de départ et celle de destination sont bien desservies par un train, songez à alterner entre train et vélo : il s’agit d’un des combos les plus efficaces.

Si ces propositions ne sont pas valables pour vous, il est peut-être temps de déménager. Trouvez un logement plus proche de votre travail : vous passerez moins de temps sur la route, et davantage de temps avec votre famille, vos amis, ou votre chien !

La distance psychologique

Il y a quelques jours, je discutais avec une amie qui réfléchissait depuis un moment à aller travailler en vélo. Elle voulait enfin « sauter le pas » ! J’étais très content pour elle, car pour moi, c’est l’un des trajets les plus fréquents et sur lequel il me semble intéressant de faire ses premières armes. Il est aussi possible de commencer par de petits trajets de loisirs.

Cependant, après quelques échanges, je me suis rendu compte que la distance qui sépare son domicile de son bureau est de 15 km. 30 kilomètres aller-retour ! Si vous êtes un cycliste professionnel, vous allez me dire que vous faites 70 km par sortie en moyenne. Mais tout le monde n’est pas surhumain, comme vous.

Il est important de comprendre que pour tenir ce challenge sur du long terme, il faut que la distance psychologique soit adaptée. 15 km c’est avant tout de la sueur, de la fatigue et un temps non négligeable passé sur son deux roues.

Il faut vous poser les bonnes questions : serais-je capable de tenir dans le temps, à faire une heure de trajet matinal ? Est-ce que vous avez une douche à votre bureau ? Est-ce qu’il y a de grosses montées ?

Ne visez pas trop haut ! Ou alors, dans ce cas-là, utilisez un vélo à assistance électrique. C’est d’ailleurs ce que je lui ai conseillé.

Travailler chez soi

Le télétravail est de plus en plus répandu. La réalité est que vous n’avez besoin d’aucun moyen de transport. Si c’est à votre compte, vous avez sans doute quelques déplacements professionnels à honorer, mais la marche à suivre est la même que n’importe quel voyage.

Emmener ses enfants à l’école

Comment ça, vous n’avez pas d’enfants ? Qu’attendez-vous ? Reproduisez-vous !

Dans la majorité des cas, les enfants sont dans une école « de secteur », non loin de votre logement principal. Si vous vivez dans un milieu urbain, le vélo est tout indiqué pour cela, que ce soit avec un porte-bébé à l’arrière ou — si vous avez plusieurs enfants — un vélo cargo. Le trajet matinal avec votre enfant peut être ludique : s’il a l’âge et sait faire du vélo, pourquoi ne pas faire la trajet en vélo en sa compagnie ?

Faire ses courses

Non, vous n’avez pas besoin de voiture pour faire vos courses ! Enlevez-vous ça de la tête ! En Inde, des artisans transportent des dizaines de kilos de matériaux avec un simple vélo chaque jour. Tout est une question d’outil adapté à votre besoin.

En ce qui me concerne, j’ai un vélo avec des sacoches attachées à mon porte-bagage. Il m’arrive d’ajouter à ça un sac de randonnée. Vous pouvez aussi accrocher une simple cagette de bois à votre porte-bagage ou un panier à votre guidon, cela fait très bien l’affaire. Conseil : gardez toujours quelques tendeurs à portée de main, si vous faites trop de courses, vous pourrez toujours attacher votre sac.

Pour une personne seule, les sacoches suffisent, mais comment faire quand vous avez une famille de 4, 5 voir davantage de bouches à nourrir ? Encore une fois, une simple remorque attachée à votre vélo fera l’affaire !

Dans tous les cas, vous penserez vos courses différemment en les faisant à bicyclette : prenez l’essentiel, tenez-vous-en à votre liste pour éviter le superflu, et tout devrait se passer correctement.

Si vous disposez d’une supérette en bas de chez vous, c’est idéal ! Au cas où il vous manquerait un ingrédient, vous pouvez même y aller à pied.

Dans un autre registre, certaines enseignes vous proposent de vous livrer directement vos courses à domicile, et certains sites peuvent vous envoyer de manière programmée certains articles de consommation courante. Internet regorge de produits de qualité et il est possible d’obtenir tout ce que vous pourriez trouver dans le commerce, et même plus ! J’aurais pu vous conseiller de vous faire livrer plutôt que d’aller faire vos courses en voiture, ce ne serait en réalité que déplacer le problème. Selon l’Ademe, « 50 % du gazole consommé en ville l’est pour le transport de marchandises ». Autant dire que passer une commande par Internet revient à faire des centaines de kilomètres en camion aux produits que vous commandez.

Essayez plutôt de penser local : réduisez au maximum le trajet entre le lieu de conception du produit et votre placard. Plus la distance est courte, plus l’indice carbone de l’objet en question sera pauvre. L’idéal est de produire soi-même sa nourriture, mais tout le monde n’a pas le temps ou l’espace nécessaire. Une autre solution : Les AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne), qui proposent généralement des paniers hebdomadaires ou mensuels avec des fruits et légumes de saison, et parfois même de la viande locale !

Partir en vacances

Il est illusoire de penser que vous avez besoin d’un véhicule pour partir en vacances. Lorsque vous vous rendez dans un lieu paradisiaque, est-ce que vous allez garer votre voiture dans l’avion et ressortir avec ? Non.

La majorité des destinations outre-mer vous permettent d’aller où vous voulez sans avoir à louer un véhicule, il y a toujours quelque chose à faire à quelques pas de votre hôtel. Si ce n’est pas le cas, préparer votre voyage comme il se doit en vérifiant les alternatives à votre disposition sur place.

Pour les vacances régionales ou nationales : prenez le train ou un covoiturage et votre vélo, c’est l’idéal. Lorsque vous (ou votre conjoint) faites plusieurs heures de voiture pour aller jusqu’à la destination de votre choix, vous finissez le trajet fatigué, énervé, excédé. En plus du temps passé à conduire, vous êtes à bout et allez utiliser votre première journée de vacances à vous reposer. N’oubliez pas que dans un voyage, le trajet est presque plus important que la destination.

Il y a quelques années, j’ai passé avec ma compagne un fabuleux week-end au château le Martinet, à Violès. Sur notre route, après avoir pris le train, nous avons visité la ville d’Orange et son fabuleux théâtre antique. Pour rejoindre le château, nous sommes allés jusqu’à la ville de Violès en car. Cependant, faute d’avoir planifié notre trajet, nous n’avions pas anticipé que la distance entre l’arrêt de car et le château prenait environ 1 heure. Nous étions au bout du rouleau, après avoir marché toute la journée, mais nous avons tout de même trouvé la force de nous mouvoir jusqu’à notre chambre. Une fois arrivé, notre hôte nous a expliqué qu’elle aurait pu venir nous chercher en ville, plutôt que de faire toute cette route à pied. Cependant, nous avons tout de suite pu apprécier notre chambre à sa juste valeur, et rater le petit déjeuner du lendemain matin. Cela ne nous a pas empêchés de nous balader tout au long de la journée le lendemain.

Aller voir sa famille

L’avantage en allant voir sa famille, c’est que vous pouvez demander à ce qu’on vous récupère au train. Si la gare n’est pas très loin, vous pouvez aussi embarquer et poursuivre votre périple en vélo.

Déménagement

Transporter de lourdes ou volumineuses charges peut être source de nœuds dans votre cerveau. Vous allez effectivement devoir utiliser un véhicule motorisé, de préférence à 4 roues, pour transporter toute votre vie. Mais dans une grande majorité des cas, vous aurez besoin d’un véhicule plus grand qu’une simple voiture : une camionnette est tout indiquée. Dans ce cas, voici les solutions qui s’offrent à vous :

La plupart du temps, lorsque j’achète du mobilier, je me fais livrer directement à domicile, la plupart des enseignes proposent ce service. Cependant, il arrive parfois qu’un ami vienne m’aider, lorsque certains appareils ne sont livrés qu’au pied de votre immeuble, ou proposent un tarif prohibitif pour transporter votre appareil jusqu’à votre palier. À ce moment-là, un échange de bons procédés, je troque mes connaissances en informatique contre des biceps musclés.

Les coursiers en vélo permettent maintenant de déplacer de lourdes charges : certains transportent aisément des lave-vaisselles et autres objets très encombrants sur leurs cargos bike, ou en utilisant une remorque à un vélo.

Intempéries

Des lunettes de ski couvrent mes yeux. Mes gants, qui ont déjà été mis à rude épreuve ces derniers jours sont prêts à me protéger des intempéries. Un pantalon de pluie un peu moche - toujours moins que le lycra - fait office de protection, à l’épreuve de la moindre goutte de pluie ou de chaque flocon de neige.

Je sors de chez moi envahi en quelques secondes par un froid glacial. Quelques minutes après avoir chevauché mon destrier, mon corps se réchauffe enfin.